Au dix-huitième siècle, le journal était devenu le plus important des moyens de diffusion imprimée de l'information concernant le crime et des enquêtes criminelles. Donnant à connaître des milliers de crimes et d'actions en justice, la presse dépassait de loin tout ce qu'à l'époque d'autres sources imprimées pouvaient apporter. Principal canal d'accès écrit aux circonstances des actions criminelles et à l'information en général à ce sujet, il n'est guère douteux que les journaux aient exercé une influence sur la façon dont leurs lecteurs allaient percevoir crime et justice et sur leurs attitudes à cet égard. Dans cet article, l'auteur procède à une analyse quantitative et qualitative de la rubrique criminelle d'un journal de province, The Kentish Post, or Canterbury Newsletter. L'étude révèle que ce journal s'est construit autour d'un schéma éditorial faisant du crime un des thèmes les plus importants à traiter. Cependant les rédacteurs du journal avaient à élaborer un texte selon la norme, alors qu'ils devaient traiter un nombre d'affaires criminelles sans commune mesure avec ce qui avait précédé. Cette nécessité éditoriale a eu pour résultat un discours sur la nature, les causes et les conséquences du crime très différent de celui que tenaient les pamphlétaires – le pamphlet ayant été, jusqu'à l'apparition des journaux, le lieu privilégié, plus familier aux historiens, de ce qui s'écrivait sur le crime.