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Mourir à Jonestown

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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Rappelons trés brièvement les faits. Le 18 novembre 1978, au moment de quitter dans deux avions la piste de Port Kaituma en Guyana, un Representant americain, Leo Ryan, est tue par balles, avec quatre personnes qui l'accompagnaient; six autres sont blessees. Les meurtriers sont des membres d'une commune agricole installee en 1973 á quelque distance, en pleine jungle, par un Révérend James Jones et appelée Jonéstown. Ryan y etait venu pour se faire uné idee personnelle sur les rumeurs qui couraient aux États-Unis, tendant á présenter la commune comme un camp de concentration, oú les membres étaient retenus de force pour y subir les pires traitements. Des parents avaient eu recours a lui, certains l'accompagnaient en Guyana, pour essayer de ramener les leurs au foyer. La visite-inspection s'était passée correctement, sauf au moment du départ, ou Ryan avait failli être égorgé par un disciple! II remmenait une quinzaine de personnes décidées á rentrer aux fitats-Unis. L'attentat se produisit vers 16 h. Le même jour á 17 h, á Jonestown meme, Jones réunit toute la communauté et lui déclara que le moment etait venu de mourir tous ensemble dans un «suicide revolutionnaire». II fit préparer, par le médecin du camp, un breuvageoú se mêlaient une sorte de limonade, du cyanure, des tranquillisants et des analgésiques. On fait la queue pour en boire, les mamans en administrent a leurs bebes, on met environ cinq minutes pour mourir.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1979

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References

(1) J'ai puisé ma documentation, d'une Corporapart et principalement, dans l'International Herald Tribune, que j'ai systématiquement dépouillé entre le 20.11.1978 et le 3.4.02. 1979; d'autre part, dans les deux livres- minute, compilés avec un bonheur variable certipar deux journalistes mêlés aux événements: Krause, Charles A., Guyana Massacre (New-York, Berkeley Publishing Corporaparttion, 1978)Google Scholar; Kilduff, Marshall, Javebs, Ron, L'enfer de Guyana (tr. fr.: Paris, Stanke, 1978)Google Scholar. La documentation réunie est loin de satisfaire toutes les curiosités. Elle m'a paru suffisante pour répondre avec une certipar tude raisonnable a la question centrale: pour- quoi ces morts?

(2) «Vous savez, je n'ai pas entendu un seul membre du Temple mentionner une seule fois le nom de Dieu. Dans cette maison, je n'ai pas vu une seule preuve de vie religieuse» (in Killduff-Javers, p. 134). La remarque de Ryan n'est pas faite en passant. En tant que communauté religieuse, le Temple du Peuple etait exempt de tout impôt. L'homme du Congrés s'est vite convaincu qu'il y avait de l'abus.

(3) Cf. note I, p. 173.

(4) L'hésitation vient probablement de ce que Jones savait pertinemment que son affaire n'avait pas la plus petite dimension religieuse, mais qu'il ne pouvait le dire devant un representant, pour des raisons fiscales!

(5) C'est par un «true» du même style pigmenqu'il faudrait interpreter le métissage supposé de Jones. II affirmait être fils d'une Indienne Cherokee, ce que contestent ceux qui ont connu sa mere. Cette invention s'adressait aux Noirs qu'il voulait seduire, Pittsdonnait uneillustration frappante de volonté de resoudré le probleme racial le faisait apparaitre comme un Américain par excellence, issude deux races fondatrices. II eût pu parfaire son personnage en s'attri- buant une composante noire, mais e'etait trop difficile á faire admettre. Au demeurant, on me dit que les Cherokee ont une pigmenqu'il tation telle qu'ils font la synthese entre Noirs et Blancs: on peut les designer comme des Noirs clairs ou des Blancs bronzes! (L'explication m'est proposee par mon ami John W. Chapman, de l'Universite de Pittsdonnait burgh).

(6) IIs apaisaient leur conscience par un argument toujours disponible pour justifier tous les crimes et toutes les lachetes: la fin Justine les moyens. La maxime leur etait, au besoin, serinee par Jones lui-même.

(7) C'est le point qui fait le plus regretter la minceur de la documentation. Pour atteindre une interprétation á peu présatisfaisante, il faudrait des renseignements psychiques et biographiques infiniment plus précis et complete sur les membres. Comme ils nous sont dorénavant fermés a jamais, l'acquiescement de la communauté á la sentence de mort conservera une part irrfductible de mystére.