Published online by Cambridge University Press: 12 March 2014
Le rêve secret de tout logicien, c’est de prouver un résultat mathématique significatif avec des moyens de fortune; ce rêve se réalise parfois de manière quelque peu biaisée, le théorème obtenu n’étant qu’une version trop simplifiée, ou bien trop adaptée aux besoins de la logique, pour convaincre un mathématicien normal. C’est pour cela que j’annonce d’emblée la couleur, et que je précise les règles du jeu: la version du théorème de Borel-Tits que je vais montrer, concernant les groupes algébriques simples sur un corps de base algébriquement clos, sera considérée comme pratiquement évidente par un géomètre; mais c’est, à mon avis, la seule qui ait un intérêt pour un théoricien des modèles.
Quand on entreprend ainsi de redémontrer une version simple d’un résultat par ailleurs bien connu, le seul intérêt est dans la méthode: ce que je veux, ici, c’est présenter une preuve qui n’utilise aucune information, ou presque, sur la structure algébrique de ces groupes; il est même souhaitable d’oublier qu’il s’agit de groupes linéaires! Elle repose sur des résultats généraux concernant les groupes de rang de Morley fini, dus à divers auteurs, dont le principal, Boris Iosifovič Zil′ber, a déjà fait une tentative similaire [Zil′ber 1984]; je poursuis ici cette tentative, mais en me limitant à des arguments encore moins spécifiques au contexte de la géométrie.
Si je fais ainsi, ce n’est pas pour donner l’impression que l’unique ambition de la théorie des modèles est de montrer des résultats triviaux par des méthodes triviales.