Cet article étudie l’organisation monétaire socialement optimale dans le cadre d’un modèle à trois joueurs (banque centrale, gouvernement et secteur privé), et les raisons poussant la population à choisir un gouverneur dont l’arbitrage inflation-chômage diffère du sien. Il jette un regard critique sur les assimilations entre autonomie et conservatisme du banquier central d’une part, et entre indépendance de l’institution monétaire et absence de coordination des politiques d’autre part. Il est montré que les agents n’ont pas toujours intérêt à annoncer d’autres préférences que celles inscrites dans leur fonction de bien-être du moment que le gouvernement est «bienveillant», et que le décideur monétaire optimal peut être moins allergique à l’inflation que l’agent représentatif. L’existence d’un biais dépend plus généralement des rapports de force s’établissant entre les deux autorités, et du degré selon lequel les acteurs privés s’estiment correctement représentés par leurs élus. Il est soutenu que la coordination des politiques fiscale et monétaire est la configuration la plus pertinente pour expliquer la nomination d’un banquier «conservateur».