Les étangs centraux de la Camargue (Vaccarès et Etangs inférieurs), couvrent une grande surface (environ 110 km2) mais sont peu profonds (un mètre en moyenne). Ils constituent une unité hydraulique à niveaux et à salinités variables dans l'espace et dans le temps. Niveaux et salinités évoluent en fonction de paramètres climatiques, de l'action de la mer et, surtout, des activités humaines.Au cours des cinquante dernières années, le système d'étangs a connu plusieurs bouleversements aux conséquences importantes sur le plan écologique :
- avant 1950, le bilan hydrique dépend essentiellement des pluies et de l'évaporation. L'amplitude saisonnière des salinités (en moyenne élevées) et des niveaux (en moyenne bas) est très forte ;
- de 1950 à 1978, l'apport massif d'eau douce estival (riziculture) renforçant l'action d'années pluvieuses, provoque l'élévation des niveaux moyens, le dessalement du système (4 g/l à la mi-1978) et le tassement de l'amplitude des variables sel et eau ;
- de 1979 à 1985, l'apport massif d'eau de mer (vétusté de la digue littorale, "valorisation" des pêcheries en étangs) et la diminution des apports d'eau douce (années sèches, déclin de la riziculture) provoquent le maintien de hauts niveaux et une forte augmentation de la salinité du système (35 g/l à la mi-1984). L'amplitude des variables sel et eau reste faible.
- en 1986, 1987 et 1988, de fortes pluies provoquent la crue hivernale et le dessalement des étangs. Le dessalement se poursuit en 1991.
A l'échelle pluridécennale, les changements de salinité sont induits par des variations du stock de sels dissous dans le système d'étangs. Le présent travail se propose d'analyser la dynamique et de quantifier ce stock au cours des cinquante dernières années. Le stock tombe de quelque 3 millions de tonnes avant la riziculture à 600 000 tonnes en 1978, puis il s'accroît de plus de 3 millions de tonnes de 1979 à 1985, et baisse de 2 millions de tonnes de 1986 à 1991. Les variations en moins sont provoquées par les hémorragies de sels qui accompagnent la vidange à la mer du trop-plein des étangs en crue par les vannages de la digue littorale. Les variations en plus sont le fait d'apports d'eau de mer ou d'eaux souterraines salées.