Avec la puberté et les bouleversements pubertaires, la prévalence de la dépression caractérisée connaît une véritable explosion pour atteindre environ 4 % par an, soit 15 % vie entière en fin d’adolescence. Or, à cette période les stratégies pour le diagnostic et la prise en charge doivent être adaptées aux spécificités développementales.
À partir d’une recherche réalisée sur les bases de données Medline, PsyInfo, Pascal nous réalisons une revue de la littérature concernant les manifestations dépressives à l’adolescence.
L’adolescence est la période où le recours aux soins pour une dépression est la plus critique (seulement 27,5 %). À cet âge, le spectre des manifestations dépressives est large et il faut savoir distinguer une « dépressivité » développementale d’un véritable trouble dépressif caractérisé susceptible de retentir durablement sur le fonctionnement. Les critères pour son diagnostic reposent sur les mêmes piliers que chez l’adulte, mais la dépression de l’adolescent peut passer inaperçue pour plusieurs raisons. En particulier, les manifestations comportementales non mentalisées, l’irritabilité, la réactivité de l’humeur ou encore l’inversion des signes instinctuels peuvent amener une errance diagnostique.
Concernant les facteurs de risque, on retrouve ceux communs aux autres troubles psychiatriques régis à l’adolescence par les principes de multifinalité et d’équifinalité. Nous soulignons comment la notion de « capacité dépressive » issue des analyses qualitatives pose les limites de l’approche quantitative qui considère toute manifestation de dépressivité déjà comme un symptôme sub-dépressif.
Au plan thérapeutique, c’est dans tous les cas l’approche relationnelle qui vaut en première intention. De surcroît, dans les formes modérées à sévères ayant résisté à ce premier engagement relationnel, les antidépresseurs sérotoninergiques en tant que classe et en particulier la fluoxétine ont montré leur intérêt pour améliorer la réponse et diminuer le taux de rechute à court terme.