Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Ces dernières années, de nombreuses recherches ont tenté de mieux cerner la nature de la romanisation de l'Afrique. Elles aboutissent à des résultats divers mais qui convergent vers une appréhension plus globale de la société africaine, où les masses méconnues trouvent peu à peu leur place. Malgré les différences importantes qui existent souvent entre elles, ces études constituent ainsi un courant dont l'homogénéité relative repose sur le souci commun d'adapter l'enquête historique à la réalité africaine, en faisant sortir de l'ombre des acteurs trop longtemps négligés. Ce déséquilibre était dû, dans une large mesure, à la nature de la documentation disponible : ces historiens ont donc cherché à en compenser les lacunes par un renouvellement de l'approche des questions et par un accroissement de notre information, en particulier grâce à des prospections archéologiques systématiques.
A propos du livre de Marcel Bénabou, La Résistance africaine à la romanisation, Paris, Maspero, «Textes à l'appui», 1976, 635p.
1. Bénabou, M., La résistance africaine à la romanisation, Paris, Maspero, «Textes à l'appui », 1976, 635 p.Google Scholar Les remarques avancées dans la seconde partie reposent en particulier sur les analyses présentées par Lacoste, Y., Ibn Khaldoun, Paris, 1966 Google Scholar ; Reynaud, A., La géographie entre le mythe et la science, Reims, 1974 Google Scholar ; Lucas, Ph. et Vatin, J.-C., L'Algérie des anthropologues, Paris, 1975 Google Scholar ; Carandini, A., Archeologia e cultura materiale, Bari, 1975 Google Scholar ; P. Marthelot, « Ethnie et région : le « phénomène » berbère au Maghreb », dans Actes du premier congrès d'études des cultures méditerranéennes d'influence arabo-berbère, Alger, 1973 ; Gallini, C., « Che cosa intendere per ellenizzazione. Problemi di metodo », dans Dialoghi di Archeologia, 7, 1973, pp. 175-191 Google Scholar.
2. Lucas et Vatin, Algérie, pp. 57, 58 et 64.
3. Pflaum, H.-G., « La romanisation de l'Afrique », dans VIe congrès d'épigraphie grecque et latine, Munich, 1972, pp. 55-72 Google Scholar.
4. Cf. en particulier Picard, G., La civilisation de l'Afrique romaine, Paris, 1959, p. 295 et note 3.Google Scholar
5. Cf. Lacoste, Ibn Khaldoun, pp. 91-105 ; Marthelot, « Ethnie et région », ainsi que, dans la même publication, M. Kaddache, « L'Utilisation du fait berbère comme facteur politique dans l'Algérie coloniale », pp. 276-284.
6. Bipolarisation affirmée chez Pflaum, « Romanisation », p. 68 : « Enfin, c'est la poussée irrésistible des conquérants arabes. Les berbères s'y sont opposés, ils ont succombé et ils sont retournés une fois de plus sous le joug d'une domination d'envahisseurs. »
7. Marthelot, « Ethnie et région », p. 466.
8. Cf. en dernier lieu, Ph. Leveau, « L'opposition de la montagne et de la plaine dans l'historiographie de l'Afrique du Nord antique», dans Annales de géographie, 1977, pp. 201-205.
9. Cf. par exemple Pflaum, « Romanisation », p. 67 : « Ainsi, il reste donc à côté d'une Afrique romaine des villes et des plaines, une Afrique berbère des montagnes et elle est encore de nos jours saisissable sur la carte, ce sont les régions où l'on parle les dialectes berbères. »
10. Cagnat, R. et Saladin, H., «Voyage en Tunisie», dans Le Tour du Monde, 56, 1885, pp. 106 ss.Google Scholar
11. BAC, 5, 1887, p. 232.
12. Cité par Lucas et Vatin, Algérie, p. 100.
13. Picard, Cf. G., «Observations sur la condition des populations rurales dans l'Empire romain, en Gaule et en Afrique », dans Aufstieg und Niedergang der Rômischen Welt, II, 3, 1975, pp. 98-111.Google Scholar
14. Rebuffat, R., « Enceintes urbaines et insécurité en Maurétanie Tingitane », dans Mefra, 86, 1974, pp. 501-522 CrossRefGoogle Scholar.
15. Cf. Carandini, Archeologia, pp. 44-45.
16. Cf. par exemple la thèse de A. Mahjoubi, Bellalis Maior, sous presse.
17. Cf. la conférence de F. Coarelli sur le mausolée d'Alexandre, E.N.S. de Saint-Cloud, novembre 1976, texte à paraître.
18. Camps, G., Aux origines de la Berbérie. Monuments et rites funéraires protohistoriques, Paris, 1961, p. 202 Google Scholar.
19. Id., ibid., p. 200.
20. Cf. en dernier lieu Kotula, T., « Remarques sur les traditions puniques dans la constitution des villes de l'Afrique romaine », dans VIe congrès d'épigraphie grecque et latine, Munich, 1972, pp. 73-83 Google Scholar.
21. Cf. par exemple la remarque qui clôt l'étude de Leveau, Ph. et Paillet, J.-L. sur L'alimentation en eau de Caesarea de Maurétanie et l'aqueduc de Cherchel, Paris, 1976 Google Scholar : «[†] étude détaillée d'un monument qui nous a aidés à prendre conscience de la réalité matérielle de l'exploitation d'une société (rurale et africaine) par une autre (urbaine et romaine), c'est-à-dire du fait colonial romain » (p. 181). Sur ce problème, Castells, cf. M., La question urbaine, Paris, 1972, pp. 113-116 Google Scholar.
22. Ph. Leveau, « Paysans maures et villes romaines en Maurétanie Césarienne », dans MEFRA, 87, 1975, en particulier pp. 870-871.
23. Comme l'écrit lui-même Ph. Leveau un peu auparavant, p. 870.
24. Cf. son intervention au Premier congrès d'études des cultures méditerranéennes d'influence arabo-berbère (Alger, 1973) sur « L'art funéraire et les images des chefs indigènes dans la Kabylie antique», pp. 152-169.
25. Cf. par exemple Turin, Y., Affrontements culturels dans l'Algérie coloniale, Paris, 1971 Google Scholar.
26. Pflaum, Cf. H.-G., « La romanisation de l'ancien territoire de la Carthage punique à la lumière des découvertes épigraphiques récentes », dans Antiquités africaines, 4, 1970, pp. 75-117 Google Scholar.
27. Cf. par exemple l'intervention de P. Lévêque au congrès de Tarente, 1969.
28. Un problème comparable apparaît dans la tentative faite par A. Deman (” Matériaux et réflexions pour servir à une étude du développement et du sous-développement dans les provinces de l'empire romain » dans Aufstieg und Niedergang der Rômischen Welt, II, 3, 1975, pp. 3-97) pour expliquer l'histoire de l'Afrique du Nord antique par le recours à la notion de sousdéveloppement. Cette curieuse étude présente la particularité de se référer à Y. Lacoste tout en étant en contradiction fréquente avec l'analyse de ce dernier. A. Deman élimine en effet, parmi les caractères étudiés par Y. Lacoste, celui qui sous-tend la définition même du sous-développement, c'est-à-dire la distorsion entre la croissance de la population et celle des ressources dont dispose cette population. Cette attitude permet d'écarter la dimension historique du phénomène, sa nouveauté absolue. Parallèlement, l'auteur met l'accent avec force sur la division verticale du monde en groupes, en nations.
29. Cf. Y. Lacoste, Ibn Khaldoun, p. 38 : le terme de mode de production esclavagiste ne paraît cependant pas adapté à l'Afrique romaine.