George Lachmann Mosse s’est donc éteint à l’âge de quatre-vingts ans, le 22 janvier 1999, sans que son œvre soit parvenue, de son vivant, à susciter l’intérêt des historiens français. La barrière de la langue, pourtant moins étanche qu’autrefois, a valeur ici d’épreuve de vérité: deux de ses livres seulement ont été traduits, le premier deux ans avant sa mort, le second à titre posthume. À notre connaissance, une seule interview a été réalisée en langue française, et deux brefs articles, tout au plus, lui ont été consacrés dans une revue de vulgarisation. Inversement, n’est-il pas révélateur que ce soit dans un périodique anglo-saxon qu’un historien français ait rendu compte, de manière d’ailleurs assez critique, d’un de ses derniers et plus grands livres? On ne compte guère que les historiens de la «culture de guerre» de 1914-1918 pour avoir pris en compte, au cours des dix dernières années, une partie au moins de l’œvre de Mosse—celle qui concerne en particulier les effets d’une «brutalisation» de la Première Guerre mondiale sur les sociétés européennes de l’entre-deux-guerres.