L'héritage de Michel de Certeau est à ce point dispersé dans des champs de recherche, des disciplines et des pays différents qu'il semble impossible de conférer une unité à son oeuvre. L'histoire de la mystique, l'épistémologie de l'histoire, la socio-anthropologie des religions, la sociologie de la culture, les Cultural Studies, la recherche sur les nouvelles technologies, sont imprégnées de ses concepts et de ses résultats mais ne les relient pas entre eux. Cet article passe en revue les multiples écrits de Michel de Certeau et certaines de leurs réceptions afin de montrer qu'un projet d'analyse de la modernité se dégageait d'eux. Ce projet débute avec l'étude de la mystique comme manifestation de la sécularisation et avec l'étude de la sécularisation comme invention d'un espace autonome de pratiques culturelles. Il souligne que la dimension épistémologique ne peut être séparée de l'étude empirique, surtout dans le cas du « populaire » (qui décrète ce qu'est le « populaire » ?). Une nouvelle théorie des croyances et des pratiques, et des liens qui les unissent, complète un projet qui tente de cerner les changements apportés par la modernité.