Les crises démographiques, bien qu'accidents conjoncturels par définition, apparaissent, par leur gravité et leur fréquence, comme un des traits structurels les plus caractéristiques de la démographie de type ancien. Il suffit d'examiner n'importe quelle « courbe paroissiale longue » aux XVIIe et XVIIIe siècles pour être immédiatement frappé par les « clochers » de mortalité qui, à intervalles plus ou moins réguliers, traduisent une hausse brutale du nombre des décès. Toutefois, cette hausse ne caractérise pas à elle seule la crise démographique et il serait donc erroné de désigner celle-ci sous le terme trop restrictif de crise de mortalité. En effet, à l'augmentation des décès s'ajoutent, dans certains cas, une baisse corrélative des conceptions et des mariages et une recrudescence des abandons d'enfants et des phénomènes d'errance. Il est vrai cependant que la crise démographique, si complexes qu'en soient les effets, est d'abord, et souvent uniquement, une « mortalité » pour reprendre le terme employé par les contemporains. C'est pourquoi le premier problème qui se pose à l'historien est de définir, à partir du chiffre des décès, l'existence même d'une crise et son éventuelle intensité.