Comment expliquer la variété des formes d’organisation de la société que l’on rencontre en Europe ; le rôle donné au marché en Grande-Bretagne (comme, de manière plus générale, dans les pays anglo-saxons), l’attachement germanique à la concertation, les attentes vis-à-vis de l’État en France ? Si ces sociétés considèrent toutes que la liberté est le premier des droits de l’homme, elles la conçoivent différemment. Cela apparaît bien en analysant les visions de celle-ci, qui marquent les oeuvres de Locke ou Burke en Angleterre, Kant, Fichte ou Habermas en Allemagne, Sieyès ou Tocqueville en France. Ces visions restent marquées par la figure traditionnelle de l’homme libre, qui prévalait dans l’univers culturel de chacun : en Grande-Bretagne, le propriétaire qui gère ses propres affaires à l’abri de l’intervention d’autrui ; en Allemagne, le membre d’une communauté de pairs prêts à se soumettre à ce que tous ont décidé de conserve. En France, le noble attaché à ses privilèges et à son honneur.