Le concept d’ « Indo-Européens » est fortement chargé affectivement : depuis un siècle, ou un peu plus, il séduit ; ou il scandalise. L'attitude qu'il détermine auprès d'un chercheur est fonction, naturellement, des realia — mais pas uniquement. La formation du chercheur, sa sensibilité aux différents éléments du problème, et ses goûts, ses affects, ses fantasmes, investissent le concept de contenus variables. Parce qu'ils sont les « ancêtres » des Grecs, des Latins, des Celtes, des Germains — nos pères, biologiques ou culturels ; parce que leur étude, comparative, permet une formidable plongée intellectuelle dans une préhistoire qui, autrement, faute de textes, serait réduite aux realia archéologiques, anonymes, lacunaires, frustrants ; parce que l'abondance des textes qu'ont laissés leurs successeurs historiques est une matière inépuisable pour le travail historique — les Indo-Européens sont bons à penser.