Les progrès de l'autorité monarchique, au début du xiie siècle, s'expliquent par la conjonction de deux faits. D'abord la pensée augustinienne, répandue par l'Église et présente par le sacre ; ensuite l'accroissement de la puissance financière et territoriale du roi de France. Ce facteur est évidemment déterminant ; il a permis de rapprocher, dans une large mesure, la réalité de l'idéal sans cesse affirmé par les clercs à travers les périodes même les plus critiques. Une valeur très haute a été reconnue à la royauté française à une époque où sa faiblesse politique et territoriale était criante. C'est précisément cette valeur qui a évité un total effondrement (avec l'importance de l'appui idéologique de l'Église) et qui a permis d'exploiter, après Il00, les conditions favorables à un affermissement. Mais c'est grâce à un accroissement de sa puissance territoriale en Ile-de-France et de sa puissance financière que le roi a pu transformer une prééminence très lâche en véritable pouvoir royal. Trois moyens ont alors servi : la force des armes, l'utilisation des institutions dans un sens favorable à la royauté (hiérarchie féodale en formation ; problème des arrière-vassaux de la Couronne, etc.), et toujours l'augustinisme politique. Ainsi est-on passé, sous la régence de Suger, de la trêve de Dieu à la « paix du roi ».