Métier d'historien avance cahin-caha et continue à m'amuser. Je voudrais ne pas avoir le temps de le finir !
(M. Bloch à L. Febvre, 15 février 1943).La présence d'un exercice philologique en marge d'un texte imprimé contemporain très répandu, et d'un auteur ayant jusqu'ici échappé aux soins des philologues, justifie une tentative d'explication. Il y a trois ans, par un matin d'hiver, je lisais aux Archives de France, ce qui subsiste des notes de Marc Bloch ; tout à coup, je m'aperçus par hasard que le verso de certaines fiches de lecture était composé de caractères épars et qu'en les joignant les unes aux autres comme un puzzle, on obtenait des pages entières d'écriture. Non sans une certaine surprise, je compris presque immédiatement qu'il s'agissait de la rédaction la plus ancienne du Métier d'historien. Sur ces fragments, les variantes textuelles étaient incessantes ; on comptait parfois quatre ou cinq versions du même passage, l'écriture se révélant informe. C'était naturellement la manière de travailler de Bloch : ébaucher un même raisonnement plusieurs fois pour y introduire d'infimes variantes et recopier souvent les lignes déjà écrites.