Cet article examine des témoignages d’esclaves affranchis retrouvés dans les archives de l’amirauté britannique, dans celles des consulats ou des cours de justice de l’océan Indien occidental. À la différence des récits mieux connus concernant la traite atlantique, ces documents sont généralement brefs et ne sont pas directement produits par les esclaves africains eux-mêmes. Bien que difficiles à analyser, en raison de multiples strates de transcription, traduction et représentation, ces sources importantes permettent de mettre un visage sur les individus qui furent pris dans la tourmente de la traite en Afrique de l’Est au XIXe siècle. Ces témoignages font entendre la voix des Africains réduits en esclavage et fournissent des informations importantes sur les conditions de la capture, les déplacements des captifs, et certains aspects de la vie en esclavage. Nous montrons que ces sources sont d’une immense valeur en dépit de leurs limites, parce qu’elles nous offrent le meilleur aperçu dont nous disposons sur l’expérience vécue des Africains, hommes, femmes et enfants, qui furent victimes de la traite en Afrique de l’Est.