La répression de la mendicité et l'enfermement de l'âge moderne n'ont pas succédé à une charité médiévale douce et débonnaire. Avant la « potence » du xvie siècle, avant même la lutte contre le vagabondage des deux derniers siècles du Moyen Age, existent déjà, comme l'ont montré les travaux de Michel Mollat et de Bronislaw Geremek, une ambiguïté, une « ambivalence » dans les attitudes à l'égard des pauvres : au temps de l'âge d'or de la charité, le pauvre reste un oublié, il n'est pas considéré pour lui-même, mais comme l'image du Christ, comme l'instrument du salut du riche, comme un « objet ».