Tout au long du XVIe siècle, Venise est restée un des centres économiques les plus vivants et importants d'Italie. Sans doute, à considérer sa seule activité maritime, marchande et « coloniale », a-t-on l'impression d'un déclin relatif. Rien de plus juste : des positions particulières de domination et de privilège économique ont été successivement perdues. Mais si Venise, dans certains secteurs, a perdu du terrain, dans d'autres elle a maintenu fermement ses positions anciennes ou même conquis de nouvelles supériorités : ainsi, à cette époque, a-t-elle été un des centres industriels les plus puissants de la péninsule, ce qu'établissent, sans plus, les quelques chiffres suivants : à la fin du xvie siècle, elle fabrique annuellement 28 000 pièces de drap de laine, contre 14 000 à Florence, 15 000 à Milan, 8 à 10 000 à Côme.