Les sciences sociales ne peuvent réussir cet appui mutuel dont nous devons beaucoup attendre qu'au prix d'un minimum de compréhension, par chacune, de ce que sont et font les autres.
Toute science, toute création élaborée de connaissance, a trois aspects : son objet, son intention et sa méthode. Pour la science économique, j'ai déjà parlé, dans cette revue, de son objet et de son intention.
De l'objet, ce qu'il en faut d'abord savoir est qu'il s'étend à vue d'œil. Rappelons quelques tendances importantes de ce développement. Déjà la science politique est à moitié investie, ou, plus exactement, sa partie la plus théorique est devenue une application de concepts, théories et modes d'idées forges par les économistes, dans la lignée de la théorie du bipartisme électoral de Downs (mauvaise application d'une bonne idée), de l'échange politique de Buchanan et Tullock, de la revue Public Choice et de 1’ « École de Virginie », de Arrow et des développements de la « théorie des choix sociaux », de la théorie des jeux, des analyses logiques des procédures de vote, de la proto-théorie — venue, elle, de la science politique — des « ressources politiques » (Dahl), etc.