Dès la fondation de la Croix-Rouge, le problème de ses rapports avec la guerre a été posé. L'on pouvait en effet se demander si le fait d'institutionnaliser la protection des victimes de la guerre, et de créer un domaine réservé où la violence n'aurait pas accès, ne pourrait pas être considéré comme une reconnaissance officielle de la guerre, comme l'acceptation tacite du recours à la force. Et même, certains se sont demandé si le fait de réglementer la guerre sans chercher à la supprimer ne servait pas les desseins de ceux qui, responsables militaires et politiques de la belligérance, pourraient désormais se prévaloir de l'alibi d'une «guerre propre» pour se blanchir devant l'opinion publique et devant l'histoire.