Avant d'aborder le sujet que je suis chargé de vous exposer ce matin, et que je m'efforcerai de développer aussi succinctement que possible, je vous demande la permission d'ajouter aux paroles de bienvenue déjà prononcées par le marquis de Lillers et par les orateurs précédents un mot en ma qualité de secrétaire général de la Ligue. C'est, en effet, pour le Secrétariat un privilège auquel je suis particulièrement sensible, ainsi que mes collaborateurs, que de voir se réunir chez nous les éminentes personnalités qui ont accepté de participer à cette séance.

Dans le programme de la Conférence d'experts convoquée à Paris, le terme «maladies d'origine parasitaire» «sera interprété ici comme s'étendant à toutes les maladies infectieuses dues à des germes pathologiques vivants. Les micro-organismes qui provoquent ces affections sont très divers, mais chacun est propre à une maladie déterminée. Nous devons leur connaissance aux recherches microbiologiques qui se basent sur les travaux de Louis Pasteur et de Robert Koch. C'est seulement grâce aux résultats de ces investigations que l'on a pu entreprendre une lutte efficace contre ces maladies, vis-à-vis desquelles nous étions autrefois impuissants.

La distribution rapide des secours en cas de calamités exige certaines conditions:

1. La nomination et la reconnaissance officielles de la Croix-Rouge comme l'organisme de secours.

2. La centralisation des secours sous la direction de la Croix-Rouge. Une direction centrale dans le chaos et le désordre produits par une calamité est aussi nécessaire qu'un commandement militaire unique en temps de guerre.

3. La Croix-Rouge devra pouvoir disposer des ressources ou de crédits suffisants pour pouvoir organiser immédiatement les secours en attendant l'apport de fonds spéciaux. La population ne devra pas se trouver dans l'obligation d'attendre qu'une collecte ou une subvention du Gouvernement ait mis les fonds nécessaires à la disposition de la Croix-Rouge.

Le ravitaillement en eau des troupes en campagne constitue l'un des problèmes les plus anciens et les plus importants de l'hygiène militaire, déjà connu et estimé à sa juste valeur par les grands capitaines de l'antiquité.

Ce problème a fait l'objet de nombreuses études principalement dans le courant du dernier quart de siècle.

Au cours de la 10e session de la Commission internationale permanente d'études du matériel sanitaire, les Pays-Bas ont présenté sur le transport des blessés et malades par chemin de fer un rapport éabli à l'aide des données mises à leur disposition par différents Etats. Ce rapport qui, vu la nature du sujet, était très incomplet, a fourni cependant l'occasion d'une discussion intéressante. Et, à ce propos, la Commission a décidé d'envoyer à tous les Etats un questionnaire, qui est joint, comme annexe I, au présent rapport. Des réponses ont été re¸ues des Etats suivants : Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Danemark, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Guatémala, Hongrie, Italie, Lithuanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie et U.R.S.S.

La Croix-Rouge américaine divise son action de secours en cas de calamité en deux phases principales: la période d'urgence (emergency period) et la période de reconstruction (rehabilitation period). Pendant la période dite d'urgence, les secours qui généralement portent sur l'évacuation et le ravitaillement, sont accordés à toutes les personnes sinistrées qui en font la demande. Pendant la phase de reconstruction, l'assistance est basée sur l'aide non aux masses mais aux familles, et est accordée seulement à celles qui ne peuvent, par leurs seules ressources, réédifier leur foyer et retourner à des conditions normales d'existence. L'œuvre de reconstruction nécessitée par les inondations de 1937 devant se poursuivre pendant des mois après le retrait des eaux, il ne sera parlé ici que de l'action de la Croix-Rouge américaine pendant la période d'urgence.

Ce rapport, qui paraît aujourd'hui sous le nom de Monsieur Paul Des Gouttes, a déjà été envoyé aux Sociétés nationales. Il a été élaboré comme suite aux circulaires no 328, du 31 juillet 1936, et no 338, du 26 avril 1937, en vue de la Commission d'experts convoquée par le Comité international de la Croix-Rouge pour le mois d'octobre 1937.

Devant les tâches très importantes qui peuvent s'imposer à elles, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge paraissent être toutes persuadées du rôle important dévolu aux auxiliaires volontaires de la Croix-Rouge. Il n'est pas nécessaire de rappeler ici qu'en cas de catastrophe de grande envergure les infirmières professionnelles ne peuvent suffire à la tache et qu'un personnel auxiliaire, non professionnel, mais bien entraîné et bien préparé, doit leur apporter une aide momentanée. Le seul exemple de la grave épidémie de grippe de 1918 a démontré que le personnel professionnel a été débordé dans presque tous les pays du monde, et qu'un grand nombre de vies ont été sauvées grâce aux auxiliaires de la Croix-Rouge et aux aides bénévoles qui se sont dévouées partout sans compter.

Au sujet des procédés de signalisation de la Croix-Rouge, il y a lieu d'élucider :

a) les moyens de signaler nettement les formations sanitaires mobiles en stationnement et les établissements sanitaires fixes de telle façon qu'ils puissent être reconnus de jour par des avions volant à hauteur normale et qu'en conséquence la possibilité d'un bombardement aérien non intentionnel paraisse exclue dans les circonstances ordinaires. De nuit, il n'y a pas lieu à signalisation; la protection résulte de l'obscurcissement.

b) la signalisation des avions sanitaires.

De la nécessité, d'une part, d'éloigner de la zone dangereuse les hommes mis hors de combat; d'autre part, de les catégoriser, de les trier et de les traiter le plus rapidement possible dans les formations de traitements aptes à les recevoir, découle celle de rechercher les moyens de transport les plus rapides et les plus confortables.

Mais les conditions variables du milieu (terrain, intensité du feu de l'ennemi) imposent l'utilisation de moyens de transport variables suivant les possibilités d'emploi. A l'endroit où les voitures pourront être utilisées, c'est-à-dire si des routes carrossables sont à disposition, on se servira des autos-ambulances.

Dans la dernière phase de la guerre mondiale, la consommation proportionnelle des obus toxiques et des obus à explosion devint de plus en plus forte, en faveur des premiers. En 1918, 75 à 77,5% disent les statistiques. Il découle de cette constatation que dans le prochain conflit, je ne veux pas dire conflit prochain, l'arme chimique jouera un rôle de plus en plus important, sinon prépondérant. Mais, si dans les circonstances de la grande guerre les populations civiles n'en ont que dans des cas exceptionnels subi les atteintes, il est nécessaire aujourd'hui, prenant en considération la notion de la guerre totale ou totalitaire, pour adopter le jargon du jour, d'envisager en face le péril qui menace les populations à l'intérieur du territoire. Les gaz de combat seront utilisés grâce aux progrès de l'aviation, désormais non seulement comme moyen d'offensive contre les centres vitaux des forces combattantes (usines, gares, ports, aérodromes, etc.), mais systématiquement contre les populations pour arriver à abattre leur moral.

Je suis heureux de me prévaloir du privilège que les organisateurs de cette Conférence d'experts ont bien voulu m'accorder, et qui me permet d'attirer son attention sur l'Union internationale de secours.

1) Conçue par son promoteur alors que celui-ci venait d'assumer les responsabilités de président de la Société italienne de la Croix-Rouge, sa première définition de l'Union acquit les sympathies et la coopération de la Xe Conférence internationale de la Croix-Rouge, réunie à Genève aux mois d'avril et de mai 1921. Depuis lors, seize ans se sont écoulés, dont la plus grande partie a été employée à faire mûrir les études suscitées par la Société des Nations autour de l'idée première du promoteur, et à réunir les ratifications et les adhésions des Etats à la Convention de l'Union internationale de secours, créée par la Conférence diplomatique de Genève en juillet 1927. Cette Convention est entrée en vigueur au mois de décembre 1932.

Pour la compréhension de l'exposé qui va suivre, énon-çons tout d'abord quelques remarques préliminaires.

Les institutions démocratiques de la Suisse, sa population, composée de représentants de quatre langues, le manque de matières premières et la nécessité de nombreux échanges de marchandises avec l'étranger excluent l'institution d'une économie de guerre, qui priverait le pays, en temps de paix, d'une grande partie de ses ressources économiques et techniques. Les préparatifs pour la guerre, qui ne sont pas d'ordre exclusivement militaire, sont done, par là-même, fort restreints.