Selon certains critiques influents, l'équivalence métrique repose uniquement sur des équivalences en nombre syllabique, la division en unités rythmiques et la disposition interne des accents restant ‘libres’, c'est -à-dire indifférentes au mètre. A l'encontre de cette vue, depuis 1800, bon nombre d'amateurs et poètes ont discerné dans les vers français l'opération d'un principe formel fondé sur la répartition des accents au sein du vers. Suite à des travaux récents qui constatent la présence d'une occurrence statistiquement significative de répartitions d'accents régulières dans un vaste corpus d'alexandrins classiques, l'article présent cherche à démontrer une interdépendance fonctionnelle entre le décompte syllabique récurrent et la répartition des accents internes. La question de l'accent de vers étant actuellement le lieu d'âpres débats, tout comme celle de l'accent dans la langue, la réalité de l'accent de mot est affirmé au moyen d'une analyse distributionnelle de syntagmes nominaux dans un texte de Racine. Une analyse comparative prose/vers démontre que, dans les vers, la distribution des accents internes, ainsi que celle des voyelles atones, est sujette à contrainte; cette analyse fournit aussi des indications sur le statut linguistique du contre-accent en français. Un examen critique de Cornulier (1982, 1995) met en doute l'idée que l'isosyllabisme est la condition suffisante et nécessaire du vers français, et propose à sa place une conception dynamique où l'agencement formel du rythme accentuel joue un rôle indispensable à notre perception de la métrique du vers.