L’image de la conjoncture économique belge, qui nous donnait, voici trois mois, des signes nombreux d’un revirement en cours, s’est particulièrement précisée au cours de ces derniers temps. En se développant, le recul prend, de plus en plus, tous les aspects classiques, à l’exception des événements sensationnels qui marquent le début de la plupart des crises. L’aisance avec laquelle l’on est passé du progrès au recul contraste singulièrement avec les errements de la crise de 1929. Il faut dire que la prospérité antécédente a été de plus courte durée et n’a pas permis les mêmes exagérations; au surplus, la récession surprend un monde éminemment plus averti du problème des crises et plus prompt à accorder ses attitudes aux nécessités. Ceci nous paraît important, malgré le désarroi qui règne toujours en matière monétaire.
Le recul de la conjoncture belge se situe dans la cadre d’une récession internationale, qui a atteint en tout premier lieu les grands produits des marchés internationaux, n’intéressant directement l’industrie belge que dans une faible mesure. Il apparaît donc comme provoqué par des circonstances extérieures, tout en se développant suivant un schéma classique à l’intérieur. A quelle partie du monde extérieur allions-nous emboîter le pas, en un moment où les évolutions sont fort différentes d’un pays à l’autre? Fort heureusement, les événements paraissent suggérer que notre guide principal est l’économie britannique, la plus stable en dehors des pays autarchiques. Cependant, la dépendance de la Belgique à l’égard de l’exportation rend son.économie plus sensible aux chocs de l’extérieur: aussi sa production fléchit-elle plus rapidement.