Le chant lapon, ou juoigos, a donné lieu à un grand nombre de travaux, presque exclusivement scandinaves. Ces travaux portent surtout sur l'aspect musicologique, et sur le recensement des thèmes traités. Sans être entièrement absents de la littérature spécialisée, les aspects psychologiques et sociologiques du juoigos sont beaucoup moins connus. Les meilleurs observateurs nous ont laissé nombre de notations intéressantes sur ce sujet, mais elles restent très disparates. Le chercheur qui tenterait de rassembler ces observations pour en tirer un tableau général de la sociologie du juoigos risquerait fort d'aboutir à des conclusions erronées: en effet, il semble bien que cet aspect du juoigos soit soumis à des variations importantes, d'une communauté à l'autre. D'où le danger des généralisations, que l'on rencontre chez les auteurs les plus qualifiés. Widstrand, travaillant en collaboration avec Ruong, lui-même d'origine lapone, est par exemple dans l'erreur lorsqu'il écrit que chez les Lapons du nord, le juoigos est presque exclusivement réservé aux hommes (Widstrand 1961:74).