L’usage des médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents est à la fois croissant et controversé. La controverse naît de la méconnaissance du ratio bénéfices–risques dans cette population, plus vulnérable aux effets indésirables tels que les troubles métaboliques induits par les antipsychotiques, moins sensible à l’efficacité pharmacologique de certains médicaments comme les antidépresseurs, et d’un usage hors indication extensif mais parfois incontournable. Cette session propose d’étudier l’utilisation et l’impact des psychotropes chez les enfants et les adolescents, sujet peu souvent abordé, à travers trois études de cohorte. La première a été menée en France sur une base de données de l’assurance maladie entre 2006 et 2013 chez les sujets âgés de moins de 25 ans (n = 252 656). La prévalence de l’utilisation des antipsychotiques reste stable dans cet échantillon, mais la prescription des antipsychotiques de seconde génération augmente dans le temps. Lors d’une analyse écologique, les disparités territoriales d’offre de soins ont un impact sur la fréquence de prescription des antipsychotiques. La deuxième étude s’intéresse également à l’influence de l’environnement social et de la comorbidité psychiatrique sur la prescription médicamenteuse du trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDA/H), dans la cohorte de naissance québécoise ELDEQ (n = 1920). La probabilité que les enfants de 3,5 à 10 ans reçoivent un traitement pour le TDA/H est liée à des variables sociales et non à des variables cliniques autres que le TDA/H ou aux pratiques parentales. Une dernière étude a été conduite pour comparer le risque de conduites suicidaires chez les enfants (10–14 ans) et les adolescents (15–19 ans) traités par antidépresseurs en fonction de la classe thérapeutique, sur les bases de données de l’Assurance maladie du Québec (n = 28 200) et de la Colombie Britannique (n = 51 868). Ce risque est réduit avec les tricycliques, ce qui peut être lié à un biais de confusion par indication.