Des lizardites substituées (Mg,Fe,Ni)3Si2O5(OH)4 ont été étudiées par spectrométrie en réflectance diffuse de 340 à 2500 nm, de manière à déterminer l'environnement de Mg2+, Ni2+ et Fe2+, en particulier la symétrie des sites et les distances métal-ligands. L'examen de la structure de la lizardite sensu stricto ayant conduit à définir pour Mg2+ deux sites hexacoordonnés M1 et M2 non équivalents dans la couche octaédrique du feuillet serpentineux, l'interprétation, à l'aide de la théorie du champ cristallin, des spectres d'absorption de lizardites de compositions chimiques variées a fourni les résultats suivants: 1. Le site M1 a la symétrie C2v: octaèdre orthorhombique. 2. Le site M2 a la symérie C3v: octaèdre rhomboédrique. 3. Fe2+ est hexacoordonné, et occupe les deux sites M1 et M2 si sa teneur est supérieure à environ 2%. Pour une teneur inférieure, Fe2+ n'occupe que M1. 4. Dans une lizardite Mg + Fe + Ni, Ni2+ est hexacoordonné et occupe le site M2. Ce site du nickel est plus grand en présence de Fe2+, que lorsque le nickel y est seul (népouite). Ni2+ y occupe une position plus rapprochée du centre de la couche octaédrique que Mg2+, ce qui contribue à réduire la flexion du plan des cations dans cette couche. 5. Dans une lizardite proche du pôle nickelifère (népouite), il y a réorganisation de la structure autour d'un site hexacoordonné unique de symétrie C3v. Ce site est déformé, et plus petit: distance moyenne métal-ligand r = 2·06 Å dans la népouite, r = 2·11 Å dans la lizardite magnésienne sensu stricto. Cette réduction de la taille du site ne peut se concevoir que par la réduction de l'épaisseur de la couche octaédrique: 2·20 Å (pôle Mg) à 2·16 Å (pôle Ni).