Les langues offrent souvent des exemples d'évolution phonique qui semblent, à tort, contredire le principe des changements phonétiques ‘vrais’, principe selon lequel ‘toutes les réalisations d'un phonème donné, dans un contexte donné, changent dans le même sens et à la même allure’. De plus, un même locuteur peut, d'un moment à l'autre, prononcer le même mot avec des phonèmes différents. Ce phénomène, connu sous le nom de fluctuations, n'affecte pas tous les monèmes dans lesquels figurent les phonèmes en question et on ne l'observe que lorsque se trouvent en contact constant des locuteurs aux systèmes partiellement différents, chaque locuteur adaptant inconsciemment sa prononciation, pour certains mots, à celle de ses interlocuteurs. Ce type de changement est en fait propagé par emprunt de formes lexicales à un système voisin. Lorsqu'on peut étudier ces changements sur le vif au moment même où ils se produisent, il s'avère particulièrement important de distinguer entre les évolutions que l'on peut décrire uniquement en termes phoniques, indépendamment de toute référence grammaticale ou lexicale, et les changements qui se font ‘mot par mot’, qui touchent donc au lexique et à la grammaire et qui connaissent des périodes de fluctuations, avant de se fixer par convergence des usages.