Le livre que Gérard Delille nous offre sur les fondements familiaux et sociaux du pouvoir local dans la Méditerranée occidentale s’impose à l’attention pour son exceptionnelle ampleur, tant historique qu’anthropologique. Il fait suite au premier ouvrage que l’auteur a consacré au royaume de Naples, où il analysait le lien causal entre les politiques matrimoniales et la reproduction des propriétés foncières. Cette nouvelle étude, exigeante et foisonnante, porte sur les fondements familiaux et sociaux du pouvoir local dans tout l’espace où celui-ci était réparti en deux ceti, deux ordres élitaires, la noblesse et les « populaires », que recoupaient souvent deux factions. La première partie compare ce type d’organisation et les modalités de son évolution dans toute la Méditerranée occidentale. La deuxième combine une étude approfondie des structures de la parenté, au sens propre de cette expression, en Italie du Sud, avec des récits et des analyses des luttes politiques, grâce aux sources extraordinaires de deux localités des Pouilles, Casalnuovo et Altamura. L’analyse anthropologique est fondée principalement sur les notions de circulation et de réciprocité, qui sont mises en évidence de façon très concrète.