Le Comité de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge a tenu une séance à Olten, le 29 octobre dernier, sous la présidence de M. Stähelin.

La motion du Dr Schenker, présentée à l'assemblée de Lucerne, tendant à la fusion de la Société de la Croix-Rouge avec l'Association samaritaine, a fait l'objet, de la part du Département de l'Instruction, de négociations qui n'ont pas rencontré d'écho auprès du président de l'Association samaritaine. Tandis que le Dr Schenker prétend qu'on ne doit pas se laisser rebuter par cette opposition isolée, M. Krönlein estime que la fusion pourrait être nuisible aux deux sociétés, l'une travaillant pour la paix et l'autre pour la guerre, et risquerait d'aliéner les sympathies d'un grand nombre. Il a été décidé, finalement, que le Département de l'Instruction ne perdra pas cet objet de vue et présentera en temps opportun des propositions positives.

Quelques mots de statistique pour débuter: Les Annali di medicina navale ont une brève analyse du rapport statistique sanitaire de la marine impériale allemande pour les années 1893 à 1894 et 1894 à 1895. Sur 20 et quelques mille hommes au service en 1893–1894, nous relevons une proportion de 885 pour 1000 malades, avec 261, 236 journées de maladie, dont 153, 636 à bord et 107, 600 à terre. Les pertes par réforme s'élèvent à 665 hommes, soit 34,1 de l'effectif; les morts donnent une proportion de 5,4 . En 1894–1895, la proportion des malades à bord a été de 831,5 , inférieure de 50,2 à l'année précédente; par contre, les malades sur terre ont donné la proportion de 900 , soit 10,5 de plus qu'en 1893–1894.

Bien qu'en 1896 l'activité de la Société italienne ait été presque entièrement absorbée par la guerre d'Afrique, le Comité central ne voulut pas que les exercices pratiques fussent totaleraent laissés de côté celte anneé-là, et désigna les deux hôpitaux de 50 lits, no 9 d'Alexandrie et no 13 de Vérone, pour participer aux manœuvres des IIme et Vme corps d'armée.

En commençant, avec ce numéro, la quatrième année de notre Revue, nous voudrions adresser aux lecteurs une demande: celle de se mettre davantage en contact avec notre rédaction, soit pour lui communiquer les documents dont l'analyse trouverait place ici, soit pour lui signaler les publications intéressant la médecine militaire qui auraient pu nous échapper, soit enfin pour nous adresser toutes observations se rapportant à la présente Revue. Nous verrions avec plaisir nos lecteurs exprimer leur avis sur notre entreprise récente, nous dire si elle répond, telle que nous l'avons conçue, aux besoins des lecteurs du Bulletin, et si les médecins militaires qui, dans chaque pays, out sous la main des périoriodiques nationaux de médecine militaire, trouvent quelque intérêt à cet échange international de renseignements médico-militaires. De ce que la chose nous paraît être d'intérêt général, nous hésitons à conclure qu'elle soit considérée comme telle par la catégorie de lecteurs auxquels nous voudrions être utiles. Nous serons done re connaissants des observations, approbations ou critiques, de ceux qui nous ont fait l'honneur de nous suivre durant les trois dernières années.

Pour la sixième fois les Sociétés de la Croix-Rouge viennent de tenir leurs grandes assises internationales, et c'est la capitale de l'Autriche qui a été leur lieu de rendez-vous. Le choix ne pouvait être plus heureux, et nul de ceux qui ont eu le privilège de siéger dans cette superbe ville n'oubliera l'hospitalité, à la fois fastueuse et cordiale, et les prévenances de tout genre dont les membres de la Conférence ont été comblés; chacun, au contraire, s'en souviendra avec reconnaissance.

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer qu'une importante étude d'organisation comparée, portant sur les statuts et règlements de toutes les sociétés nationales de la Croix-Rouge, est actuellement en préparation.

Il y a longtemps qu'on en sentait le besoin, mais personne jusqu'ici n'avait eu le courage de l'entreprendre, du moins avec un programme complet. Enfin, M. le commandeur Becchi, secrétaire général de la Croix-Rouge italienne, pénétré à son tour de l'utilité d'un semblable travail, n'a pas hésité à en assumer la lourde tâche. Il nous a fait l'honneur de nous consulter sur son projet, auquel nous l'avons fortement encouragé à donner suite, et il s'est mis immédiatement à l'œuvre.

La circulaire du Comité central autrichien du 27 décembre 1896, que vous avez dû recevoir, nous oblige à solliciter, de ceux des Comités centraux qui n'ont pas encore répondu à notre circulaire du 10 juin dernier, leur préavis sur les préparatifs que l'éventualité de guerres futures nécessite de la part des Sociétés de la Croix-Rouge.

Nous avons reçu, sous la forme d'un beau volume en anglais, de plus de 550 pages, illustré de gravures et de portraits, accompagné de cartes et intitulé Heroïc Japan, une histoire de la guerre entre la Chine et le Japon, par MM. F. Warrington-Eastlake et Yamada Yoshi-Aki. Analyser même très succintement cet important ouvrage serait sortir du cadre de notre Bulletin;il nous appartient seulement, en signalant cet intéressant travail et en en recommandant la lecture, de dire quelques mots du chapitre XXX, consacré à la Croix-Rouge et à son activité.

Pendant l'impression du présent Bulletin, nous avons appris que l'accession de l'Etat libre de l'Orange à la Convention de Genève s'était effectuée diplomaliquement, ainsi que nous le faisions pressentir dans les quelques lignes consacrées plus haut (page 270) à cet objet.

Pendant les deux dernières années de son activité, du 1er juillet 1894 au 30 juin 1896, la Société mecklembourgeoise, ainsi que l'indique le dernier rapport embrassant cette période, n'a pas vu s'augmenter le nombre de ses dix-sept Comités locaux. Elle a eu le chagrin de perdre, en mars 1895, son trésorier, le major von Schultz, qui a été remplacé par le capitaine de gendarmerie de Bassewitz

Un certain nombre de Comités centraux des Sociétés de la Croix-Rouge ont eu la bienveillance de répondre favorablement à notre circulaire du 1er juin, par laquelle nous avons eu l'honneur d'inviter tous les Comités centraux à se réunir, entre le 20 et le 30 septembre 1897, en VIme Conférence internationale à Vienne.

Le 7 décembre 1896, les membres de la Société suédoise de la Croix-Rouge et ceux de la Société samaritaine ont eu leur assemblée annuelle ordinaire. Nous extrayons ce qui suit du rapport qui leur a été présenté par le Comité exécutif.

M. le gouverneur de province baron V.-U. de Sparre ayant quitté la capitale, a été remplacé par M. le major-général R.-M. de Björnstjerna, soit dans le Comité, soit comme membre et président de la Direction du Home des infirmières.

La Société suédoise a subi une grande perte dans le courant de l'année 1896. La première femme suédoise, sortie des classes instruites, qui ait consacré son activité à la noble vocation d'infirmière, en demandant aux pays étrangers l'instruction qu'elle ne pouvait pas encore se procurer, à cette époque, dans sa patrie, et qui, ensuite, pendant une longue série d'années, s'est consacrée au soin des malades et à la formation d'auxiliaires habiles, Emmy De Rappe a payé, le 19 octobre de cette année, son tribut à la mort. Nous détachons du rapport annuel du Comité exécutif quelques lignes consacrées à la mémoire de cette femme dévouée, dont le nom revenait jadis sans cesse sous notre plume et qui a si bien mérité de la Croix-Rouge.

Dans la séance du Comité central suisse du 25 février 1897, il a été donné lecture d'une lettre du président de l'Association samarilaine, M. Cramer, posant la question suivante: Ne serait-il pas opportun de créer un secrétariat central suisse pour le service sanitaire, servant à la fois à la Société de la Croix-Rouge, à l'Association samaritaine et à la Société sanitaire militaire? M. Cramer fait valoir, à l'appui de sa proposition, que, tout en étant convaincu qu'une fusion de la Croix-Rouge suisse et de l'Association samaritaine ne serait ni possible ni désirable, le Comité de cette association a reconnu qu'il serait bon de créer un trait d'union permanent entre les trois organes ci-dessus indiqués, en vue de favoriser une action commune. Le projet de règlement qui est présenté sur cet objet prévoit la nomination d'un médecin militaire à la tête de ce secrétariat central, et la constitution d'un comité de 9 membres, dont 3 nommés par le Conseil fédéral et 2 par chacune des trois sociétés. Un cahier des charges fixerait les attributions de cet organe, dont les fonctions principales seraient de servir de secrétariat aux trois sociétés, de rédiger l'organe social, de prendre soin des archives, d'élaborer le rapport annuel, ainsi que de faire les travaux et les études qui lui seraient demandés, de faire de la propagande et d'entretenir des relations avec les sociétés étrangères. Les fonds nécessaires—10,000 francs environ par an — seraient fournis par la Confédération.

Nous empruntons au journàl Stamboul, du 28 mai 1897, les lignes suivantes:

On sait qu'à l'approche de la guerre actuelle, les membres survivants du Comité central du Croissant-Rouge, présents à Constantinople, s'étaient réunis en séance extraordinaire, sous la présidence de Nourian effendi, pour pourvoir aux postes laissés vacants au sein du comité, par la mort ou par d'autres motifs, afin de pouvoir se mettre en activité de service. Mais vu l'impossibilité de recourir au vote de l'assemblée générale, dispersée depuis longtemps, les susdits membres ont cru, en vertu des pouvoirs que leur confèrent les statuts, devoir donner la succession de M. Foster, trésorier du comité, à M. Gust. Wülfing, directeur de la Banque impériale ottomane, et il a été décidé en même temps de s'adjoindre, comme membres, Djémal bey, président de la section financière du conseil d'Etat, Sir Edgar Vincent, directeur général de la Banque impériale ottomane el Halim pacha, président de la section sanitaire au ministère de la guerre. Ahmed Ragheb bey, secrétaire général de l'administration sanitaire et membre du conseil supérieur de santé, et M. Isnardi, chef comptable de la même administration, avaient été proposés également comme membres, cumulant, le premier, les fonctions de secrétaire pour la correspondance turque et le second, celles de secrétaire pour la correspondance française. Or ces décisions, référées à la S. Porte, ayant été, après délibérations du conseil des ministres, soumises à la sanction souveraine, viennent d'être revêtues de l'Iradé de S. M. I. le Sultan.