Les nombreuses études consacrées récemment au trouble maniaque et la diversité des essais thérapeutiques proposés dans cette pathologie témoignent du regain d’intérêt qu'elle suscite et impose de revoir les instruments permettant de l’évaluer. Une brève revue est faite des échelles de manie actuellement validées. Aucune n’apparaît réellement satisfaisante.
Une nouvelle échelle d’évaluation de la symptomatologie maniaque est proposée. La sélection des items de cette échelle n’a pas été faite a priori mais après une analyse réalisée à partir d’une liste de 67 items. Ces 67 items couvraient l’ensemble des symptômes attribués classiquement à la manie. Les données d’une première analyse factorielle, effectuée sur ces 67 items, testés chez 37 maniaques, a permis la sélection de 25 items. Cette deuxième liste de 25 items a été testée chez 24 maniaques inclus dans un protocole de traitement de 2 semaines par la clonidine. Une analyse en composantes principales sur ces 25 items permet de dégager 3 facteurs expliquant respectivement 27.4 %, 11 % et 9 % de la variance (tableau 1).
Le ler facteur pouvait être interprété comme un facteur d’intensité du tableau maniaque. Le 2ème facteur pouvait être interprété comme un facteur évaluant la composante délirante du tableau.
L’échelle proposée est une échelle biaxiale.
- le ler axe peut être considéré comme une échelle d’intensité de la manie (sous-échelle EIM).
Nous avons retenu pour la constituer les 10 items les mieux corrélés au ler facteur (après rotation Varimax).
- Le 2ème axe constitue une sous-échelle de délire. L’activité délirante est évaluée indépendamment de l’intensité du tableau maniaque.
L’EIM (Échelle d’Intensité Maniaque) présente une bonne homogénéité, la corrélation des items au score global à J0, appréciée par le coefficient de corrélations de Pearson est significative (p < 0.01)(tableau 2). La fidélité inter-cotateurs est très satisfaisante, la concordance sur la note globale, appréciée par le coefficient de Spearman et celui de Fisher est proche de l (tableau 3). La validaté, appréciée en utilisant un critère de validité externe (comparaison avec l’échelle de Bech et Rafaelsen) est bonne : les coefficients de corrélation entre les scores de l’échelle de Bech et l’échelle d’intensité de l’état maniaque varient, aux différents temps du protocole de traitement, entre 0.82 et 0.94 (tableau 4). La sensibilité du changement sous traitement est globalement équivalente à celle de l’échelle de Bech et Rafaelsen. Cependant, notre échelle semble plus performante pour évaluer la pathologie légère et pour apprécier finement les différents degrés de l’amélioration (tableau 5).
Des analyses plus détaillées (notamment de la composition du 3ème axe) sont prévues lorsqu’un plus grand nombre de cas aura été évalué. Il faut enfin relever que les tableaux de validation présentés ici portent sur le nombre de cas le plus éléve de la littérature.