L'effondrement de la Prusse après Iéna : une surprise pour toute l'Europe. On s'étonna du manque de cohésion d'une armée célèbre par sa discipline, de la désorganisation d'un système administratif réputé pour la valeur de ses fonctionnaires et, surtout, des signes de désaffection donnés par un peuple dont le loyalisme était proverbial. Comment s'expliquer cet effondrement, sinon en reconsidérant l'édifice, dont, après Kover, toute une génération d'historiens a minutieusement étudié les rouages ? Puis en décrivant les principaux aspects d'une crise qui, s'attaquant à l'économie et à l'équilibre social, transforma la mentalité populaire et s'exprima, par la plume des intellectuels, en un langage nouveau.
En apparence, ce sont l'armée et l'administration qui caractérisent l'Etat prussien à la, fin du XVIIIe siècle. Mais, ce qui le rend incomparable aux autres puissances, c'est un dépouillement méthodique de la presse, des mémoires, des études politiques ou économiques publiées entre la fin du règne de Frédéric II et la catastrphe de 1806, — qui, seul, permet d'en prendre lentement conscience.